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  Ce courrier adressé au Commissaire enquêteur fait état de notre réflexion à la suite et d'une relecture plus approfondie du dossier après la réunion publique.
   
 

Réponse à l'enquête publique

 

St Genès de Lombaud, le 15 juillet 2006

  Objet : Enquête publique sur la demande d’autorisation d’exploiter
une Unité de Gazéification de produits végétaux

à Saint Genès de Lombaud, formulée par la Sté EBV 

   
  Monsieur le Commissaire Enquêteur,

Nous tenons à vous faire part de nos observations concernant le projet soumis à l’enquête publique citée en objet, développées dans les annexes jointes au présent courrier.

1. Rien ne justifie l’installation de cette usine dans un site aussi inapproprié que la vallée du Lubert les marcs de raisin n’étant pas le combustible majoritaire prévu et aucune fourniture d’énergie thermique ne devant livrée à l’usine voisine. Par ailleurs les entreprises impliquées dans ce projet à risque, s’agissant d’un prototype, ne présentent dans leur demande aucune documentation émanant du constructeur du gazéificateur sur le matériel devant être utilisé, n’ont pas le moindre retour d’expérience sur une installation identique et ne précisent pas la destination finale de leurs déchets ultimes, ce qui n’est pas réglementaire (cf. Annexe 1 – Dossier EBV).
   
2 . Les interactions avec la distillerie voisine ne peuvent être occultées cette unité de gazéification devant y être totalement enclavée. Les émissions polluantes actuelles du site sont très sous évaluées. Elles émanent en réalité de 5 générateurs thermiques, y compris la production de tartrates, 4 colonnes de distillation, 2 évaporateurs et diverses sources diffuses (stockages et bassins). Aucun éclaircissement n’a pu être obtenu sur ce point le directeur de la distillerie s’y étant opposé lors de la réunion publique que vous avez bien voulu organiser. Un état des lieux sincère et véritable est indispensable (cf. Annexe 2 – Interactions avec la distillerie).
   
3. Nous souhaitons qu’une étude soit menée sur les effets de la pollution dans la vallée du Lubert, classée ZNIEFF, déjà visiblement sinistrée par une seule activité industrielle : très nombreux arbres malades ou morts, malformations de plantes. L’ajout d’une nouvelle usine ne ferait qu’amplifier le phénomène. Le dénivelé de 65 mètres entre le fond de vallée et le point culminant des versants s’oppose à la bonne dispersion des émissions atmosphériques sortant de cheminées de 23 m de hauteur seulement (cf. Annexe 3 - Impact sur l’environnement).
   
4 . Les émissions polluantes prévues par la Sté EBV sont très supérieures aux émissions de l’usine d’incinération des ordures ménagères ASTRIA à Bègles qui traite 275 000 tonnes par an (plus du double). Il est impossible par ailleurs d’affirmer l’absence totale de dioxines car il est bien connu que ces substances peuvent aussi se former lors du refroidissement des gaz (cf. Annexe 4 - Pollutions atmosphériques).
   
5 Les risques sanitaires qu’induirait cette installation qui ne ferait qu’accroître le nombre et la gravité des problèmes de santé locaux,  sont totalement inutiles et évitables. Le risque de 20,3 jours de diminution d’espérance de vie pour une exposition de 15 ans évalué par le Bureau VERITAS est considérable comparé au risque lié à la consommation du tabac, soit 7,79 jours pour la même durée. Vraisemblablement ce risque s’ajoutera aux 10,9 jours imputables à la distillerie dans l’évaluation fournie par la Sté EOG et nous demandons qu’il soit procédé à une étude épidémiologique dans la zone d’affichage (cf. Annexe 5 – Risques sanitaires).
   
6. La configuration géographique des lieux ne peut qu’augmenter tous les autres inconvénients. Les nuisances olfactives sont d’autant plus perceptibles que les émissions atmosphériques stagnent trop souvent dans les vallons. Les bruits, qui montent, sont amplifiés par un phénomène d’écho et perçus très loin des limites de propriété. Un supplément important du nombre de camions augmenterait le bruit, les pollutions, les problèmes et accidents de circulation  sur des routes qui ne sont pas calibrées pour un tel trafic et dans l’étranglement que constitue la traversée de Langoiran (cf. annexe 6 – Autres nuisances).
   
7. Selon les définitions administratives cette unité de gazéification est une installation d’incinération destinée à traiter non seulement de la biomasse mais aussi des déchets industriels banals. Aucun des éléments de cette installation ne pourrait fonctionner ou avoir d’utilité séparément. Il conviendrait donc de la soumettre au régime de l’autorisation sous la rubrique 167 c de la nomenclature des ICPE -relative au traitement et à l’incinération des déchets industriels provenant d’installations classées- et seules les prescriptions de l’arrêté du 20 septembre 2002 - relatif aux installations d’incinération et de co-incinération de déchets non dangereux et aux installations incinérant des déchets d’activités de soins à risques infectieux - sont adaptées à une telle installation (cf. Annexe 7 – Définitions et réglementation).
   
8. En raison de son lieu d’implantation, cette unité de gazéification, sous le prétexte de produire de " l’électricité verte ", permettrait principalement d’éliminer très commodément les déchets de la distillerie sur lesquels nous n’avons jamais pu obtenir de véritable bilan.
Les enjeux environnementaux à préserver dans le cadre d’un développement durable bien compris vont au-delà de la facilité industrielle et visent la meilleure rentabilité énergétique en fonction des ressources et des nécessités. Or les transformations successives de la biomasse forestière, en gaz par une méthode thermique puis en électricité, représentent un énorme gaspillage d’une énergie pouvant être utilisée directement et bien plus rentablement pour le chauffage domestique qui est un besoin indispensable.
Par ailleurs la préservation durable des sols est aussi une préoccupation européenne et il serait plus judicieux de remettre les marcs de raisins dans les vignes comme cela se faisait autrefois. A défaut, il conviendrait de privilégier la méthanisation, méthode non thermique pour obtenir du biogaz à transformer en électricité (cf. Annexe 8 – Enjeux environnementaux).
   
  Pour toutes les raisons que nous venons de vous exposer et en vertu de la Charte de l’Environnement, qui proclame que " Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé " et préconise le principe de précaution, nous sommes totalement opposés à l’implantation de cette unité de gazéification dans la vallée du Lubert dont la véritable vocation serait plutôt les activités et le tourisme verts.

Dans l’espoir que vous voudrez bien tenir compte de ces arguments pour émettre un avis défavorable dans vos conclusions, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Commissaire Enquêteur, l’expression de notre considération distinguée.

  La Présidente,
Marine Schenegg

 

P.J. ANNEXES 1 à 8
publicité sur le gazéificateur PRME visible sur le site
http://www.buyusa.gov/westafrica/fr/56.html?exp_cat=3020&exp_pid=21
documents concernant la définition des déchets de la viticulture visibles sur les pages suivantes du site de l'ADEME
http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?m=3&cid=96&catid=14714
http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=14715