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L'INCINERATION
de Déchets Ménagers et Assimilés

 
     
  REFUS D'UN INCINERATEUR A IZON

Les "incinérateurs", ces énormes chaudières qui transforment les déchets en fumées et en cendres sans parvenir à supprimer la pollution, défraient la chronique depuis des années.

Pendant trois ans, la commune d'IZON a été le centre d'une levée de boucliers anti-incinération : "NI A IZON, NI AILLEURS". Les associations locales se sont mobilisées tous azimuts contre le projet de la Lyonnaise des Eaux visant à l'installation d'une usine destinée à "pyroliser les boues de la CUB".

RETRAIT DU PROJET

Toutes ces actions ont finalement été couronnées de succès et les arguments des associations exprimés lors de l'enquête publique ont porté leurs fruits : la CUB a décidé d'améliorer et de réaliser sur place le traitement des boues de ses stations d'épuration . L'usine d'IZON n'avait alors plus aucune raison d'être et le Préfet a finalement informé officiellement les associations que la Lyonnaise des Eaux avait retiré son projet.


CONFERENCE-DEBAT DU 28 JUIN 2004

Dans le cadre de ces actions, l'association TRANSPARENCE d'Izon, avait organisé le 28 juin 2004 une soirée conférence-débat à laquelle ont participé des intervenants issus d'associations appartenant au Collectif Déchets Girondin, sur des thèmes qui sont toujours d'actualité : les incinérateurs, les boues des stations d'épuration, le tri sélectif.

  • Alain Blanc de la SEPANSO a présenté les intervenants et organisé le débat au cours de la soirée.
  • Chantal Nigron, présidente de TRANSPARENCE, a présenté son association, les buts et les moyens de son action, en particulier son désir de voir les viticulteurs de la région rejoindre le mouvement du refus.
  • Marc Duclos a fait un tour d'horizon de l'incinération traitant des différentes méthodes ayant eu cours jusqu'à ce jour, la pyrolyse ou la thermolyse étant les variantes les plus récentes de l'incinération. Il a terminé sur un historique des incinérateurs ayant défrayé la chronique au cours des dernières années qui ont toujours été déclarés comme étant les meilleurs et ne faisant courir aucun risque aux populations lors de leur installation.
  • Roger Schenegg de VIVRE EN ENTRE DEUX MERS, ingénieur en traitement des eaux, retraité, a fait une présentation video avec un schéma de station d'épuration accompagné d'un commentaire généraliste sur les boues urbaines : leur provenance, leur qualité, leur traitement, les solutions permettant d'en réduire les quantités.
    Souvent ces boues ne sont pas de bonne qualité, donc " non conformes", car de trop nombreux ateliers artisanaux ou petites industries rejettent encore directement leurs effluents liquides dans le réseau d'égouts sans traitement préalable. Il faut aussi veiller à une séparation rigoureuse des réseaux de collecte des eaux domestiques et des eaux pluviales.

Comment brûler des boues ? Ce n'est pas chose facile car elles sont constituées majoritairement d'eau contenant quelques matières organiques, des minéraux et des métaux lourds. Le but de l'opération n'est en fait que d'en réduire le volume. Aujourd'hui, les boues ne peuvent être introduites dans un incinérateur qu'en mélange avec 90 % d'autres déchets ménagers nettement plus combustibles ou d'autres carburants, chaque exploitant faisant "sa cuisine" avec sa recette particulière.

  • Dominique Nicolas d'AQUITAINE ALTERNATIVES a parlé de la gestion des boues à la CUB. Laisser faire et voir venir semblait être la devise de la CUB en ce domaine, qu'elle n'avait pas jusque là considéré comme prioritaire, le plus simple lui paraissant de brûler ces boues pour s'en débarrasser, de préférence sur le territoire d'une commune extérieure. La CUB avait laissé à la Lyonnaise des eaux le soin de prendre en charge les modalités pratiques de mise en place et le financement du projet. Cette solution de facilité ne pouvant résoudre le problème, il fallait chercher des solutions de diminution en amont car rien ne se perd et tout se transforme.

En effet , à la sortie d'un incinérateur on retrouve la totalité de ce qu'on y a mis mais sous d'autres formes et d'autres combinaisons chimiques.
Les divers produits obtenus sont principalement : des fumées, des cendres légères dont on récupère une partie : les REFIOM (refus de l'incinération des ordures ménagères) et environ un tiers de mâchefers (résidus lourds). Ils contiennent toujours un très grand nombre de polluants (particules, composés de soufre et d'azote, COV, dioxines, etc.) dont certains, parfois très toxiques, se sont formés sous l'effet de la chaleur au cours de l'incinération.
La solution au problème posé par les incinérateurs ne se résume pas à définir des valeurs limites de concentrations et des doses acceptables, encore faut-il pouvoir compter sur des contrôles réguliers et fiables ainsi que sur une surveillance effective de la part des administrations qui en sont chargées : Préfectures, DRIRE, DDASS, DDAF.... La réglementation la plus récente n'impose, hormis les autocontrôles, que deux contrôles annuels effectués par un organisme extérieur agréé choisi par l'exploitant. Les dates d'intervention de cet organismes sont convenues à l'avance en accord avec l'exploitant. Des mesures réalisées dans de telles conditions sont-elles le reflet fidèle du fonctionnement habituel de ces installations et peut-on s'y fier ?

La meilleure réponse est sans conteste le non-recours à l'incinération

  • Philippe MORA de l'AVECICM, association du val de l'Eyre, (Salles, Mios Belin-Beliet...Sud Bassin Arcachon) a expliqué comment son association a réussi à repousser un projet d'incinérateur et à faire accepter pour le remplacer un projet de tri sélectif efficace accompagné d'une décharge de déchets ultimes. Cette association très active a réussi un travail important sur le terrain pour amener les habitants à pratiquer correctement le tri sélectif et obtient des résultats très encourageants même lors de manifestations publiques comme la fête du rugby à Salles.

Au début de la séance un représentant de la viticulture locale a tenu à exprimer son soutien aux associations qui refusaient le projet. Les interventions ont été suivies d'un débat avec le public qui n'a pas manqué d'interpeller les politiques présents : seul, M. Gilbert Mitterrand qui remplaçait M. Madrelle, a bien voulu s'exprimer d'une façon très nuancée en précisant que, même si certains élus n'étaient pas personnellement favorables à ce projet, la décision finale appartiendrait au préfet. Il a ajouté que les populations devaient manifester très fortement leur volonté à leurs élus qui ont besoin de se sentir poussés pour agir. Alors : "A bon entendeur " d'en tirer les conclusions.


"RIEN NE SE PERD, TOUT SE TRANSFORME" ...

Tout traitement par la chaleur (combustion, incinération, etc.) crée des centaines de composés chimiques encore plus difficilement destructibles que les produits d'origine. Même si les méthodes les plus récentes permettent de réduire les quantités de polluants émises dans l'atmosphère, il ne faudrait pas que la réduction obtenue sur les incinérateurs de dernière génération soit le prétexte à la multiplication de nouvelles installations car aucun incinérateur n'est inoffensif.
Il ne faut d'ailleurs pas oublier le revers la médaille : les polluants atmosphériques piégés lors du lavage des fumées par un procédé humide, à l'aide d'eau et de réactifs (chaux et soude), se retrouvent automatiquement dans les eaux de lavage.

Etant donné le volume des fumées produites, même si elles sont conformes aux dernières normes, elles représentent d'importantes quantités de polluants. On va retrouver ces polluants dans l'atmosphère où l'on va les respirer et, tôt ou tard, les plus stables d'entre eux passeront de manière incontrôlée dans le sol et dans l'eau puis dans la chaîne alimentaire. C'est, entre autres, le cas des dioxines.

Exemple de calcul des quantités de dioxine émises dans les fumées d'un incinérateur :
Une installation nouvelle respectant la dernière norme européenne en vigueur à partir de 2003, brûlant 300 tonnes de déchets par jour, émet au minimum 1 500 000 m3 de fumées et, à raison de 100 picogrammes ( = 0,1 ng ) par m3, 150 000 000 (cent cinquante millions) de picogrammes de dioxines par jour.
La dose journalière admisible (DJA) en dioxines a été fixée en France à 4 pg par kilo de poids corporel alors que l'objectif de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) est de 1 pg, soit 4 fois moins, et qu'aux USA la norme est 10 fois plus sévère que celle de l'OMS : 0,1 pg.
Un incinérateur de dernière génération fournit donc quotidiennement, selon la norme française, la DJA en dioxines pour 535 000 personnes de 70 kg en moyenne (2 140 000 selon l'OMS). Comme ni la densité de la population ni la répartion des rejets ne sont homogènes, il est évident que certains sont beaucoup plus touchés que d'autres.


Il est à noter que les scientifiques estiment que les dioxines sont surtout nocives lorsqu'elles sont absorbées par voie orale, par le biais de l'alimentation car elles se dissolvent dans les graisses et s'y fixent. Il n'en reste pas moins vrai que la plupart des dioxines générées par un incinérateur finissent par se retrouver tôt ou tard dans la chaîne alimentaire.

Par contre, les émisions de composés de soufre (SO2) et d'azote (NOx), de C.O.V. (composés organiques volatils), de poussières véhiculant des particules toxiques, etc. représentent un risque bien plus immédiat et donc bien plus important pour les populations avoisinantes qui ne peuvent éviter de les absorber par les voies respiratoires ou par la peau. Il ne fait plus de doute actuellement que la pollution chimique est à l'origine de nombreuses maladies et de cancers ainsi qu'en témoigne l'APPEL DE PARIS lancé en 2004 par l'ARTAC. Ce n'est pas sans raison que les seuils applicables aux effluents gazeux et liquides des installations industrielles ont été considérablement réduites par la directive européenne du décembre 2002, transposée en droit français le 20 septembre 2002.

L'Appel de Paris a déjà été signé par plus de 500 scientifiques internationaux dont plusieurs Prix Nobel et par les conseils de l' ordre et syndicats médicaux des 25 Etats membres de l' Union Européenne, par des centainres d'ONG et 120 000 citoyens. L'objectif de l'ARTAC est de recueillir UN MILLION de signatures citoyennes afin de pousser les instances européennes à agir. Pour lire cet appel et le signer en ligne visitez le site suivant : http://www.artac.info

EVITER L'INCINERATION

Cela suppose de mettre en oeuvre dès maintenant :

  • une véritable volonté politique :
    - de refus des solutions de facilité qui incitent à l'inflation dans le domaine des déchets et des pollutions ;
    - d'organisation de la collecte des déchets dans des conditions propres à encourager la diminution des volumes destinés à l'incinération et à la mise en décharge en facilitant le tri en vue du recyclage ;
    - de recours au compostage partout où il est possible, à titre individuel ou collectif,
    - d'instauration d'un système de paiement du service d'enlèvement des O.M. récompensant les efforts de tri, ce qui n'est pas le cas de la taxe actuelle.
    - de gestion rigoureuse des effluents liquides, les rejets spéciaux de certains professionnels ne devant pas être mélangés sans prétraitement aux eaux usées des ménages.
  • une gestion industrielle préventive : suppression des emballages inutiles, préférence pour les matériaux biodégradables, prévision du recyclage de tous objets lors de leur fabrication ; prétraitement des efffluents liquides avant rejet.
  • une gestion individuelle, réfléchie et vigilante des déchets : tri efficace en vue du recyclage et surtout, lors des achats, refus des emballages inutiles.

MISE AUX NORMES

L'usine ASTRIA à Bègles, qui comporte un centre de tri et trois unités de valorisation énergétique incinérant au total 275 000 tonnes de déchets par an, va être soumise dès janvier 2006 aux dernières normes prescrites par l'arrêté ministériel du 20 septembre 2002 .

Les seuils applicables à ses effluents gazeux sont les suivants :

Polluants Avant la mise aux normes A partir de janvier 2006
Poussières

21 milligrammes/Nm3 *

10 mg/Nm3
Cobalt 100 milligrammes/Nm3 50 mg/Nm3
Monoxude de carbone   50 mg/Nm3
Acide chlorhydrique 35 milligrammes/Nm3 10 mg/Nm3
Acide fluorhydrique 1,4 milligrammes/Nm3 1 mg/Nm3
Dioxyde de soufre SO2 210 milligrammes/Nm3 50 mg/Nm3
Carbone Organique Total 20 milligrammes/Nm3 10 mg/Nm3
Oxydes d'azote (NOx) 400 milligrammes/Nm3 200 mg/Nm3
Dioxines et furannes   0,1 nanogramme/Nm3
Plomb + Chrome+ Cuivre + Manganèse + Antimoine + Cobalt + Vanadium 3,5 milligrammes/Nm3 000000  
Nickel + Arsenic 0,7 milligramme/Nm3  
Cadmium + mercure 0,14 milligramme  
Plomb + Chrome+ Cuivre + Manganèse + Nickel + Arsenic + Antimoine + Cobalt + Vanadium   0,5 mg/Nm3
Cadmium + Thallium   0,05 mg/Nm3
Mercure 0,05 milligrammes/Nm3 0,05 mg/Nm3

* Le Nm3 est une unité normalisée de mesure des gaz qui équivaut à 1 m3 de gaz sec, à la pression 101,3 kiloPascals, à la température de 273° Kelvin (0°C), et contenant 11% d'oxygène si l'usine traite de la biomasse.


INSTALLATIONS D'INCINERATION ANCIENNES, AUTRES INSTALLATIONS :

lI reste encore actuellement en service un certain nombre d'incinérateurs obsolètes, qui ne répondent pas aux nouvelles normes. Les installations qui ne pourront assumer la mise aux normes devront fermer en 2006, cependant en ce qui concerne les NOx des mesures transitoires sont prévues pour certaines installations.

Les cimenteries sont des installations de co-incinération car elles peuvent brûler des déchets en mélange avec d'autres combustibles. Les valeurs limites qui leur sont applicables sont moins rigoureuses que celles des incinérateurs.

Par ailleurs, certaines installations industrielles (chaudières, séchoirs) brûlent ou traitent de la biomasse (déchets végétaux d'origine végétale ou animale), mais du fait qu'elles n'ont pas les caractéristiques techniques des incinérateurs modernes, elles ne sont pas soumises aux mêmes obligations alors qu'elles sont bien souvent extrêmement polluantes.


Pour en savoir plus :

Arrêtés du 20 septembre 2002 relatif aux installations d'incinération de déchets non dangereux d'une part et de déchets dangereux d'autre part sur les sites suivants : http://aida.ineris.fr/textes/arretes/text3342.htm et http://aida.ineris.fr/textes/arretes/text3343.htm

Renseignements et mesures sur quelques incinérateurs du groupe Suez
http://www.novergie.fr

GREENPEACE
Description des incinérateurs français
http://www.france-incineration.org/ description

 
 

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Dernière révision : 21 novembre 2005.